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LES LOUPS GAROUS

 

Les loups-garous, ces monstres "classiques" mentionnés dans la littérature des millénaires avant JC (dans Les Récits de Gilgamesh), sont le sujet de quantité des livres Tout d'abord, les auteurs n'arrivent pas à se mettre d'accord sur la manière dont un humain devient un loup-garou car la lycanthropie a des dizaines de sources traditionnelles.

Bien entendu, le contact physique avec un loup-garou figure en bonne place dans la liste des moyens de contamination. Consommer sa chair, surtout le cerveau ou les coussinets, semble être un moyen garanti. Les végétariens ne sont pas à l'abri : ils peuvent contracter la lycanthropie en portant des vêtements en fourrure de loup, notamment la ceinture mentionnée dans de nombreuses légendes européennes. Même sans avoir aucun contact direct avec un métamorphe, on peut être affecté si on boit l'eau d'une flaque ou il a posé une patte ou s'est abreuvé. Évidemment, la morsure d'un loup-garou reste le moyen le plus radical de devenir comme lui.

A l'époque où la lycanthropie provoquait une véritable panique en Europe, toutes les choses ayant un rapport, même indirect, avec les loups étaient considérées comme suspectes.

D'autres communautés acceptaient des explications plus obscures encore. Goûter de la chair humaine, même sans le savoir, provoquait une lycanthropie instantanée. Être né la veille de noël ne l'entraînait pas forcément, mais mettait les parents en garde contre tous les périls qui n'attendaient qu'une occasion de fondre sur leur nourrisson.

S'associer avec des criminels reconnus, manipuler des batraciens, avoir des rapports sexuels hors mariage ou blasphémer dans une église comportait également du danger, tout comme dormir au clair d'une nouvelle lune ou traverser un cours d'eau dans le sens inverse des aiguilles d'une montre, manger des chauve-souris, s'associer ou coucher avec une sorcière .

Pour éviter tout contact avec des lycanthropes, les gens de l'époque devaient trouver un moyen de les identifier. Selon une légende polonaise, pour les faire se retransformer en humains, il suffisait de dire trois fois leur nom à voix haute... ou de les forcer à passer sus un objet métallique. Apparemment, leur aversion pour le métal ne se limiterait pas aux balles en argent...

Les miroirs aussi permettaient de détecter les lycanthropes : contrairement aux vampires, qui n'ont pas de reflet, les loups à mi-temps apparaissent dans une glace sous leur forme humaine nue.

A l'inverse, comment reconnaître un lycanthrope sous sa forme humaine ? A ses paumes poilues, à ses ongles recourbés, à ses annulaires plus longs que la moyenne ou à sa tendance à dormir la bouche ouverte.Si les chasseurs de loups-garous médiévaux se préoccupaient tant de l'identité humaine de leurs victimes, c'était parce qu'ils distinguaient deux types de lycanthropes : les premiers se délectaient du mal causé à leur communauté, les seconds étaient victimes d'une malédiction qu'ils ne contrôlaient pas. Pour eux, chaque culture avait élaboré toute sorte de "remèdes". Les autres devaient se frotter à une multitude de contre-mesures aussi sérieuses qu'efficaces.

Les balles en argent, préconisées par les chasseurs de loups-garous, apparaissent dans au moins quatre traditions folkloriques différentes. Elles sont aux vampires : le moyen le plus rapide et le plus définitif de mettre un terme à leur existence. Mais en Roumanie, par exemple, seul l'argent obtenu par héritage pouvait servir à confectionner des balles efficaces.

A Klein-Krams, en Allemagne, où un lycanthrope aurait fait des dizaines de victimes, le projectile qui mit un terme à ses exactions était fait d'argent hérité et saint : en l'occurrence, il provenait de la fonte d'une médaille religieuse. C'est peut-être à cause de ça qu'une lettre écrite en 1437 au père Niceé raconte le pillage d'une église par une foule de villageois en colère, venus y dérober "de quoi préparer quarante balles en argent afin de détruire la Bête".

Dans les légendes scandinaves, l'argent ne tuait pas : sous forme de lame ou de balle, il causait simplement des blessures impossibles à guérir. Le loup-garou mourait d'hémorragie, d'infection ou entre les mains des habitants qui pouvaient l'attraper plus facilement une fois blessé.

Les chasseurs de lycanthropes avaient encore bien des tours dans leur manche : par exemple, transpercer leur victime avec un bâton "magique" taillé dans du bois de frêne, de chêne ou d'aulne, la brûler au pilori sous n'importe laquelle de ses formes ou l'enfermer dans une église jusqu'à ce qu'elle se métamorphose, si on en croit le folklore prussien. Les Scandinaves, les Sibériens et les Ukrainiens favorisaient la noyade. Les Autrichiens avaient développé toute une cérémonie au cours de laquelle le loup-garou était décapité, découpé en quartiers et brûlé après qu'on eut marqué ses entrailles au fer chaud.

Vu la liste des atrocités attribuées aux lycanthropes, il est presque surprenant que des méthodes de guérison aient été développées. A l'apogée de la paranoïa médiéval, plus de onze cent morts leur ont été imputées en Allemagne sur une période de douze mois. Pourtant, contrairement aux vampires jugés irrécupérables, les loups-garous avaient le bénéfice du doute dans beaucoup de communautés européennes. Pour délivrer un loup-garou de la malédiction qui l'accablait, il fallait d'abord trouver un moyen de le capturer et de le neutraliser. Cette quête prenait souvent une connotation religieuse ; les chasseurs effectuaient des veilles dans l'église locale, faisaient bénir leurs armes et se munissaient de brassées de médailles saintes. Dans le sud de la Bavière, on pensait qu'un cercle de moines psalmodiant des prières pouvait retenir un loup-garou sous sa forme humaine ou animale.

Dans le nord, on préférait les entraîner dans un endroit où ils se retrouvaient cernés par de l'eau courante, ou sur un radeau qu'on poussait ensuite dans un fleuve. Les habitants de Braevrestrau eurent l'idée de construire une digue, de placer un agneau sacrificiel dans le lit du torrent ainsi asséché, puis de libérer l'eau afin de capturer un loup-garou sans devoir se mettre à portée de ses griffes.

Autres objets permettant de contenir un lycanthrope : un anneau de pétales de roses, de gousses d'ail ou de sel, une haie d'épineux ou un cercle de flammes. Une légende affirme qu'emprisonner le loup-garou dans un cimetière jusqu'à l'aube fonctionnait tout aussi bien, mais elle ne précise pas comment l'empêcher de fuir.

Évidemment, capturer un loup-garou ne suffisait pas (sauf peut-être dans le sud de la France, où une troupe d'artistes ambulants offrait une bonne récompense à qui lui en procurerait un vivant pour son spectacle). Dans l'intérêt de tous, il fallait ensuite se hâter de le guérir ou de le tuer. Malheureusement pour le lycanthrope, les remèdes étaient souvent plus brutaux encore que les exécutions !

Les Bavarois rossaient les métamorphes avec des badines en aulne ; les Allemands, avec des cannes en bois de framboisier ; les Londoniens, avec des massues de chêne. Quand aux Lettoniens, ils les fouettaient avec des fils d'argent tressés, leur infligeant de profondes blessures qui ne se refermaient pas et saignaient abondamment.

Si cette volée de coups ne suffisait pas, il restait d'autres options plus dangereuses encore pour la victime : être enterrée pendant vingt-quatre heures dans le sol consacré, par exemple, ou longuement immergée dans un baril d'eau bénite. Les lycanthropes qu'on enfermait dans une église pendant les trois jours requis pour leur guérison tendaient à y mourir de soif.

De tous les remèdes, celui mis en oeuvre par les habitants de Prague était sans doute le plus draconien : pris en sandwich entre deux grilles métalliques, les loups garous étaient suspendus au-dessus de charbons ardents pendant vingt-quatre heures tandis qu'un prêtre priait pour leur guérison. Ceux qui en réchappaient se retrouvaient atrocement défigurés. A choisir, peut-être auraient-ils préféré une balle en argent dans le coeur...

 

 

 

 

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